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Pour ceux qui veulent me rendre visite, je tiens désormais salon à l'adresse suivante :
http://www.petitcenacle.blogspot.fr
Mes amis, vous y êtes bienvenus !
LE PETIT CENACLE DU QUAI n°3
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Si on me demandait quel mot je préfère, j'hésiterais sans doute entre quelques-uns, mais celui-ci figurerait en bonne place dans mon palmarès :
Délicatesse...
Désuet, il a un parfum discret, il sent l'effacement choisi, le subtil, le sensible, le léger, l'inutile aussi, sans autre utilité que la recherche du bien-faire, du soin apporté aux petites choses.
Il évoque la grâce des gestes pleins de retenue, la justesse et la pudeur des silences, les pensées tenues pour soi, loin du tapage, loin de l'image.
Ce mot me fait penser à l'héroïne de " L'odeur de la papaye verte ".
Il me rappelle aussi les sentiments enfouis au plus profond, dans le secret de l'intimité de notre âme.
Il nous renvoie aux choses minuscules qui constituent la plus belle partie de nous, de notre humanité, et que nous n'osons montrer alors que nous n'hésitons pas à exhiber nos seins et nos fesses.
Parce que ces choses menues ne font pas d'audience dans le mauvais calcul de notre audimat personnel. Parce que le nombre a devancé la qualité, la rendant dérisoire.
La délicatesse est belle parce qu'elle se moque bien de l'effet produit !
P.L
Tout est mystère dans l'Amour,
Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance.
Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour
Que d'épuiser cette science.
Je ne prétends donc point tout expliquer ici.
Mon but est seulement de dire, à ma manière,
Comment l'aveugle que voici
(C'est un Dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière ;
Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien ;
J'en fais juge un amant, et ne décide rien.
La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble.
Celui-ci n'était pas encor privé de ses yeux.
Une dispute vint : l'Amour veut qu'on assemble
Là-dessus le conseil des Dieux.
L'autre n'eut pas la patience ;
Elle lui donne un coup si furieux,
Qu'il en perd la clarté des cieux.
Vénus en demande vengeance.
Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris :
Les Dieux en furent étourdis,
Et Jupiter et Némésis,
Et les Juges d'Enfer, enfin toute la bande.
Elle représenta l'énormité du cas.
Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas :
Nulle peine n'était pour ce crime assez grande.
Le dommage devait être aussi réparé.
Quand on eut bien considéré
L'intérêt du public, celui de la partie,
Le résultat enfin de la suprême cour
Fut de condamner la Folie
A servir de guide à l'Amour.
La Fontaine, Fables (XIV)
Il y a une différence d’intention dans les écritures.
Jugée par elle pataude et lourdaude la sienne arrivait au terme de son aboutissement. L’expression dominait l’instinct et la forme assujettie au fond psalmodiait une ritournelle servile et stérile.
Sueurs, grincements de dents, pleurs en dedans. Libre de tout mais contrainte par l’idée de l’infiniment beau, cet absolu impossible, indéfini à jamais, inaccessible par essence.
Elle tenait dans son poing serré quelques voyelles, quelques consonnes, deux ou trois majuscules.
Ses doigts devenus blancs ne desserraient pas l’étreinte, la tension se faisait plus dure, insupportable.
La vie était là, à ses côtés, indifférente, en dehors d’elle qui observait de plus en plus lointaine, ses mots dans ses mains.
Impuissante.
P.L
Photo David Galstyan
“Pourquoi penser dans un monde où l’instant présent existe ? ... Rien ne devrait recevoir un nom, de peur que ce nom même le transforme ; abandonnons pour un instant ce spectacle de beauté, cette berge, et moi-même, au pur plaisir d’exister. Le soleil est chaud. Je vois la rivière. Je vois les arbres tachetés et brunis dans la lumière automnale. Des bateaux voguent sur fond rouge, sur fond vert. Très loin, une cloche sonne, mais ce n’est pas un glas. Il y a des cloches qui vibrent en l’honneur de la vie. une feuille tombe, pâmée ; oh ! comme j’aime la vie !”
Virginia Woolf
Au coeur de la piscine,
abritée d'une tempête,
qui dehors met en rage
dans un cocon liquide
je suis la ligne de fond,
et tranquillement je nage.
Brasse après brasse
doucement, je dépose
des pensées chlorées
que je laisse filer
quand j'en suis à l'aller.
Du regard je les veille
quand j'entame le retour,
sans me faire reconnaître.
De temps en temps elles croisent
d'autres pensées qui flottent
au gré de leurs nageurs
comme des feux follets
ou certaines qui gisent,
sur le carreau bleuté,
semblant abandonnées.
Quand on aura vidé,
et bien nettoyé,
le bassin réceptacle,
où iront s'accrocher
les pensées délogées ?
P.L
Je voudrais pour nous le silence.
Pour nous seuls lovés en bulle d'éternité.
Nichés ventre contre ventre
sous la tiédeur de la grotte igloo
dans l' idéale solitude.
Seuls, comme au début du monde,
yeux abîmés dans les yeux, écoutant
l' absence des mots qui ne servent plus.
Entendant la musique du fond du regard
qui fouille l'âme, corps et coeurs disparus.
Nous, suspendus, immobiles, hagards,
flottant au monde, comme à l'origine,
rencontre muette, indéfinie, illimitée, sans contours.
- Absolue.
L'impossible rendu au possible,
comme l'impensable mourir pour renaître
drapés de nudité silencieuse.
- Taisons-nous, je t'en prie.
P.L
Photo Edouard Boubat
Ne me dis rien
Ne me prête rien
C'est loin de ta vie
Que je serai la femme de ta vie
Mi-femme, mi-ombre
Princesse à distance
Ni épouse ni amante
Lointaine compagne
Rêvée, diaphane
Absolue, éthérée
Plus désirable encore
Que l'idée du désir.
J'ai laissé dans le lin
Juste un doux parfum
Qui suffit à remplir
Tes nuits, jour après jour
Trois gouttes de rose
Où reposait ma tête
Discrètes et de bon ton
Ne te demandent rien
Sans rumeur ni tapage
Peu à peu elles s'estompent,
Joli rêve qui s'éloigne
Sur la pointe des pieds.
P.L